Ce qu’il reste de nous.
Pendant les dix premières années de ma vie j’ai vécu dans un lieu envoûtant. Il était très particulier non pas seulement parce qu’il est le lieu de mon enfance, mais aussi de part sa singularité. Notre appartement en était un de fonction. Mon père était ingénieur hospitalier, nous vivions à sept (mes quatre frères et sœurs, nos parents et moi) au dernier étage de l’Hôtel-Dieu. À cause de sa vétusté, l’hôpital, n’entrant plus dans les normes sanitaires, a connu pendant des années une situation d’entre deux. En attente de vente et avec un personnel médical surmené et à bout de nerfs, celui-ci est resté des années comme suspendu dans le temps.
Nous avions déménagé depuis déjà dix ans notre appartement était toujours vide, inhabité. À l’image de l’hôpital, il avait été laissé pour compte. Mon esprit ne cessait d’y errer, comme accroché au souvenir d’un temps révolu, l’idée d’y retourner était pour moi une évidence. Ce lieu mystifié, dont nous étions les derniers habitants, était une capsule de notre passage. Mon retour fut le sujet de mon mémoire, ce qu’il reste de nous.
Sous forme de livre objet, j’ai fait se rencontrer des images du lieu à l’abandon, dans lequel notre présence avait laissé quelques fantômes et des images d’archives qui retracent notre vie de famille. J’ai voulu montrer ce que ce lieu représentait pour moi, le seul endroit qui fut et qui restera pour toujours la maison. Rien n’avait changé et pourtant elle avait été vidée de toute vie, comme s’il n’en restait que l’ossature : les meubles étaient ses muscles, les tableaux sa peau et ses habitants ses organes. Nous y avions laissé des traces et peut-être parce que je ne voulais pas la laisser disparaître, que le souvenir ne soit pas la seule chose qu’il en reste. Le livre en lui-même était un objet que j’avais sauvegardé des années, faisant partie d’une série d’albums de famille dans laquelle je n’étais jamais apparue. L’objet permettait en fait de faire une synthèse, le passé et le présent se rencontraient.
il me semblait important de créer une autre capsule éphémère pour redonner, à ce lieu qui aura marqué ma vie, son essence. La maison c’était aussi les meubles, les objets, les peintures de mon enfance. J’en ai donc ramené quelques-uns dans une petite pièce des douanes et je les ai mis en scène. Au cœur de cette pièce, le livre. Dans l’écriture de ce projet, j’ai été très isolée, parce qu’il m’aura demandé énormément d’introspection. Je pense qu’en réalité il aura toujours goût d’inachevé. En vain, nous essayons de nous inscrire dans un lieu, nous essayons de nous souvenir, nous essayons de sauvegarder sous forme d’image notre passage et j’ai créé un objet qui était lui-même voué à disparaître. Bien que notre présence disparaisse inévitablement, nous nous battons pour exister au travers des traces que nous laissons.
Hungarian expat students
Living my childhood in Budapest, I noticed that a lot of people in high school dreamed and projected to study or work abroad. Later on I discovered that this phenomenon is frequent with people in my generation. Studying or moving to a foreign country is considered as a goal itself in Hungary. I made my diploma work and exhibition about Hungarian expat students. I wanted to show how they adapt to their new residences, the how they create homes in a foreign country in theese photobooklets. I present their toughts and fears by the portaits on the wall hidden by their testimonies.
What is Asynchron?
More than a Pulp Magazine, it’s a homage, souvenir of a future so often imagined in literature and cinema, yet so rarely used in photography. Asynchron is a continuation of the photographic work started the last few years at Gobelins, l’école de l’image.
As it was at the beginnings of pulp magazines, almost a century ago, this is a grouping of excerpts. Asynchron adapts to today’s world and offers itself a new identity by the utilization of photographs as the main narrative tool, along with other media like music, video, illustration, etc. If the idea and design have emerged in the mind of the photographer Lauréline Reynaud, Asynchron took shape collectively, each of the talents adding their own inspirations and strengths.
This n°0 calls The Communication as the theme, in its different meanings: language, tools and distance especially. To accompany your reading, a soundtrack is available. The composer NONC invites us to follow him in his own interpretation of the images and the term communication.
Rêve, Liberté, Amour, Vie
Il y a des moments de vie auxquels on ne peut échapper. Il y a des instants décisifs qui nous bouleversent. Le 27 avril 2018 ma mère est morte. Je suis alors saisie par une peur de l’oubli, obsédée par cette évanescence des souvenirs. Je me mets à accumuler les objets qui me rappellent à elle, comme autant de reliques qui me permettraient d’empêcher qu’elle ne disparaisse définitivement. « Les objets-relais, formes de l’entre-deux, preuves du rêve et certitudes de la mémoire, miment le mouvement du souvenir et l’envers du présent. », écrivait-elle. Ma mère croyait aux forces de l’univers et à l’espièglerie de la vie. De ses mots et des souvenirs qui me rappellent à elle, j’ai reconstruit un portrait d’elle au travers d’une représentation de son imaginaire. Natures mortes allégoriques, objets du souvenir, formes symboliques et petits poèmes évocateurs, ce projet est un voyage entre héritage et transmission, une tendre persistance de sa mémoire. C’est l’histoire d’une rêveuse libre, amoureuse de la vie.
Ayant une mémoire kinesthésique, j’ai besoin d’utiliser les sens et les émotions pour apprendre et comprendre. Le côté ludique d’une exposition est donc très important pour que je m’en souvienne et cela passe en grande partie par la scénographie, et par des interactions avec les œuvres.
Ce qui me passionne dans le métier de photographe de nature morte c’est la création d’une image, c’est-à-dire toute la partie cachée des photographies qu’on retrouve dans nos magazines ou dans le métro, de la découverte du produit à la réalisation du shooting en passant par la direction artistique. J’ai donc mon idée : réaliser une exposition pour faire découvrir ce métier, et qu'elle soit la plus interactive possible. Le but : construite une photographie publicitaire et comprendre ses procédés de fabrication grâce à divers mécanismes (cadres interactifs, lumières, vidéos backstage, etc.).
On ne force pas une curiosité, on l’éveille.
15%
En 2003 ma grande soeur a été diagnostiquée d’un cancer. Elle avait 6 ans, j’en avais 4, et ma mère était enceinte de ma future petite soeur. Avec ce projet j’ai voulu mener une enquête, essayer de recoller les morceaux, comprendre plus globalement le déroulé des évènements. Il ne s’agit pas de parler de la maladie mais de la période que ma famille a vécu, de son souvenir. J’ai voulu photographier les choses, les traces qui pourraient faire resurgir les souvenirs de ce moment chez ma famille. Ce projet est constitué de photographies, d’une création audio et d’une vidéo.