À l’aube, le voile épais qu’est la nuit se soulève. Alors que les premiers rayons luisent, tout reste éteint autour de moi. J’aimerais voir le ciel, sentir l’air baiser délicatement mes joues, le soleil embraser ma peau mais je suis captive d’une brume, si épaisse que je vois à peine ce qui m’entoure. Le peu que je vois je le connais par coeur, j’en ai analysé les moindres aspérités, tout me parait fade, ennuyeux. Même si je me tordais le cou, je ne verrais rien de nouveau, je tourne en rond, semblerait-il depuis toujours. Je me demande si j’ai déjà connu autre chose, autre chose que cette cage qui me fait suffoquer. Si on me permettait d’en sortir, si on me libérait enfin, mes membres engourdis ne pourraient pas me porter. Au moment où je perds espoir, j’entends un murmure lointain, une voix qui tinte. Je rassemble tout mon souffle pour lui répondre, seul un son étouffé sort, il semblerait que j’ai oublié comment chanter. Alors que le crépuscule tombe, cela n’a plus d’importance.
geste barrière / déplacement dérogatoire / gouttelettes / première nécessité / distance sociale / pénurie 
Tourner en rond, répéter, empiler, cumuler des habitudes qui sont devenues notre quotidien, des habitudes pourtant inexistantes il y a quelques semaines, s'enfermer, exagérer, détourner,  tourner en rond.
Cela n'a aucun sens. Monter, descendre, passer d’une pièce à l'autre… Toutes les pièces sont à la fois différentes et semblables à mes souvenirs.  Cela n'a aucun sens. Je n’ai plus de repères. Où est la sortie ? Je ne sais plus. Cela n'a aucun sens. Je deviens folle.
Évoquer le confinement. Ce rappel à ma dépression. La peur d’étouffer à nouveau. Comme une contrainte imposée de revivre ce qui a été le plus difficile. Avoir l'envie de sortir sans en être capable. Me préparer par automatisme puis m'effondrer devant la porte. Ma mère m'aidant - parfois physiquement, parfois à distance, parfois à quatre heure du matin parfois à midi - et m'obligeant à me relever. J’ai appris à lutter contre ces moments pendant trois ans et on me demande maintenant d’y retourner. Ma mère et moi qui avons vécu ces circonstances ensemble, posons dans le même rôle, et recréons des scènes que nous avons toutes les deux subies lors de ma dépression. 
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